Eric Bourret, entre ciel et terre
L’artiste marcheur fait une halte au Musée Ziem de Martigues pour présenter l’exposition de photographies : 
« Et l’espace fera de moi un être humain ». 
Une vision singulière du paysage qui fait de lui un artiste très coté. (Photos © Éric Bourret / Musée Ziem)

Cette exposition, composée d’une soixantaine d’œuvres, pour beaucoup inédites, invite à suivre le chemin emprunté par le photographe Eric Bourret ces dix dernières années. Cet artiste parcourt en effet le monde, comme le « peintre voyageur » qui a donné son nom au Musée Ziem, lequel explore le thème du paysage depuis plus de 100 ans : « Nous avons un fonds permanent axé en majeure partie sur le paysage. Il nous a semblé intéressant de voir comment les artistes contemporains l’interrogent à leur tour », précise Lucienne Del’Furia, conservatrice du musée.

Né en 1964 à Paris, Eric Bourret vit et travaille dans le sud de la France et en Himalaya. S’il a tout d’abord considéré la montagne Sainte-Victoire comme son Annapurna, il a ensuite multiplié les marches dans les Alpes, avant de partir à la découverte de terres plus éloignées, lors de nombreuses expéditions, pour effectuer des prises de vues photographiques qu’il appelle « expériences de la marche, expériences du visible ».

 

La relation au paysage au centre de la démarche artistique d’Eric Bourret

À l’instar des land artists anglais, Eric Bourret ne peut créer que dans un corps à corps étroit avec la nature. D’où la marche comme mode opératoire privilégié. Il n’arpente pas que la haute montagne : le littoral l’intéresse aussi. Certaines villes également, comme Venise, fille de la mer et du brouillard.

L’acuité de son regard révèle ici une mer étale, là un ciel pommelé. Dans sa série sur la Sérénissime, des pieux flous émergent d’une mer opaque sans aucune trace de gondoles ou de palais vénitiens. Loin des visions conventionnelles, Éric Bourret dresse un inventaire quasi abstrait de formes immémoriales où il trouve de quoi sculpter la matière. Ainsi, quand le photographe représente les cieux, il en résulte d’étranges vues de matières en fusion.

 

Ces photographies sont aussi très proches de la peinture. La série Océan 2014 est saturée d’un bleu qui n’est pas sans rappeler celui du peintre Yves Klein. Dans cette exposition, à la scénographie très bien pensée, étendues maritimes et sommets himalayens se succèdent également, dans un rythme bien étudié, pour retranscrire, dans des tonalités d’une grande douceur ou d’une densité extrême, l’immensité et la beauté plastique des éléments qui nous entourent.

    • Embrasser les nuages
    Au cours de ses expéditions, l’artiste suit un protocole déterminé. Celui-ci consiste à prendre des photographies en multipliant les vues d’un même paysage. L’image naît de la somme de chaque mémoire enregistrée sur un seul négatif, un peu comme « un feuilleté temporel » d’où sont tirées des séries d’images vibrantes, oscillantes, presque animées. D’ailleurs, ce tremblé (la marque de fabrique d’Eric Bourret) se veut une tentative de transposer plastiquement le hiatus entre les mouvements de la nature et sa fixité dans l’imaginaire humain. De cette confusion des matières liquides, gazeuses et minérales, l’artiste semble dire : l’eau, les nuages, les glaciers sont des états transitoires, des formes émergentes du chaos, des passages.

Au-delà de la maîtrise du médium et de la pureté des clichés, chacune des photographies exposées nous ramène aux mystères universels de la création de notre univers, ce qui fait de cet artiste marcheur bien plus qu’un simple photographe. De ces voyages, Eric Bourret évoque le potentiel de transformation sensoriel et physique que la marche provoque : « L’expérience du trajet parcouru exacerbe la perception et la réceptivité au paysage », explique-t-il.

De son implication physique à l’élément, Eric Bourret tire de véritables enregistrements méditatifs des paysages traversés. Et ces nappes de lumière traduisent une relation proprement cosmique à l’espace. Pas étonnant que son travail fasse l’objet, depuis 1990, d’expositions et d’acquisitions dans de nombreux musées et centres d’Art, en Europe, aux États-Unis et en Afrique. Par exemple, avant le Musée Ziem, Eric Bourret a exposé au Palazzo Mora durant la Biennale de Venise 2015. Voilà donc un talent reconnu internationalement !


Eric Bourret – Photographies – 2005-2015. Et l’espace fera de moi un être humain

Exposition du 14 octobre au 28 février 2016

Commissariat : Lucienne Del Furia

Musée Ziem, 9 boulevard du 14 juillet 13500 Martigues

Catalogue co-édition Musée Ziem/Arnaud Bizalion Editeur

Textes : Pierre Padovani et Philippe Piguet

27 x 23 cm – 128 pages – Français et anglais

29€


 http://www.theprovenceherald.fr/eric-bourret-entre-ciel-et-terre/

 

 

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